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Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/356

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la richesse venant, coulant de ces deux sources premières, la femme féconde et la terre vierge, en communion d’amour… »

Je me disais : heureusement que Goubot est mort il y a deux ans, car s’il lui avait été donné de lire l’épopée de Zola en l’honneur de la maternité, de la famille féconde et triomphante, c’eût été encore pour lui plus que la mort, mais bien un nouveau et cruel martyre.

Voilà pourquoi l’œuvre d’Émile Zola, Fécondité, est admirable et surhumaine, comment elle est comme l’hosanna joyeux de la vie et comme le plus éloquent appel aux viriles vertus qu’il soit possible d’adresser à un peuple sur le bord de l’abime, qui va mourir !

Voilà pourquoi aussi, loin de gouailler, de blaguer et de ricaner bêtement devant la vie douloureuse de Goubot, devant le drame horrible et secret de son cœur, devant les longs déchirements de son âme, dévoilés au jour de l’audience par ses testaments, je pleure rétrospectivement avec lui et comprend d’un seul coup, tout ce qu’il a dû souffrir.

Un noceur, cet homme ?

Allons donc, une victime lamentable de la destinée, qui avait trop de cœur et d’honnêteté, puisqu’il plaçait si haut son devoir d’humanité !

Ça ne m’étonne pas que les snobs rigolent et ricanent ; ils ne sont ni dignes, ni capables de comprendre cette soif inextinguible, insatiable et immortelle de paternité qui fait l’homme l’égal des Dieux !