Aller au contenu

Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 9 —

araignée dans le plafond, comme vous dites en France.

Et, subitement affectueux, me prenant les mains :

— Non, mon ami, je n’ai qu’un Mammonth vivant, bien vivant, dans mes écuries.

— Un mâle ? fis-je un peu railleur, comme malgré moi.

— Non, une femelle.

Le visage du prince se contracta alors si violemment sous la douleur que je crus l’avoir offensé et lui en fis toutes mes excuses.

— Ce n’est point cela, non, non, vous comprendrez dans deux jours, quand nous serons là-bas, dans mon château.

Nous partîmes le lendemain et deux jours après, ému, bouleversé, prêt à défaillir d’émotion devant cette subite et vivante évocation des premiers temps. de la Faune terrestre, je contemplais de mes propres yeux et je touchais du doigt la croupe fantastique du Mammonth.

Je croyais rêver, je n’en pouvais plus prononcer une parole ; le prince jouissait avec patience de mon effarement. Enfin, quand je pus articuler une phrase, je lui dis :

— En effet, on voit rien qu’à la robe que c’est une femelle ; la fourrure est belle et épaisse, mais la crinière n’est point imposante comme celles que j’ai vues dans vos Musées d’histoire naturelle et qui avaient appartenu à des mâles.

— Évidemment, fit il amèrement.

— Mais, je vous en prie, comment avez vous cette bête fabuleuse chez vous ?