Aller au contenu

Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 33 —

petit, en raccourci, la démonstration vivante et palpable du cycle zoologique des mondes. N’est-ce pas que cette conquête finale de la terre par l’homme-microbe ne manque pas d’une certaine grandeur.

— Certes.

— Seulement je vous dirai qu’il y a encore un problème autrement passionnant dans mes expériences et qui me tient tout entier : l’âme, l’esprit, l’intelligence de l’homme est un fluide impalpable qui ne tient pas de place ; cependant jusques à quand, comme disait Cicéron, pourrais-je arriver à l’enfermer dans le corps de mes hommes-mouches et ensuite de mes hommes-microbes ? À l’heure actuelle ces personnages d’un centimètre que vous avez sous les yeux sont encore vertébrés ; leurs os sont comme des toiles d’araignées ténues, mais enfin ils existent. Mais lors du passage aux invertébrés l’intelligence se maintiendra t-elle ? Là est le gros problème et je vous avoûrai franchement que je ne le crois pas et que je pourrai bientôt en arriver à formuler cette loi :

« Ce n’est pas la place qui manque à l’intelligence, mais ce qu’il lui faut ce sont des organes perfectionnés, c’est-à-dire les instruments pour pouvoir se manifester et prendre contact avec le monde extérieur. »

— Bravo, fis-je malgré moi ; empoigné par l’évidence lumineuse de la démonstration.

— Oui, certes, et je suis persuadé que les microbes ont une parcelle de la grande intelligence universelle, tout comme nous, seulement ils n’ont pas les organes, les instruments pour la manifester et s’en servir… et devenant tout à coup rêveur :