Aller au contenu

Page:Vicaire - À la bonne franquette, 1892.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ah ! vraiment, c’est trop fort. Vous ne connaissez donc
Ni Rueil, ni Chatou, ni le bois de Meudon ?
Vous n’avez jamais fait l’ombre d’une fredaine,
Vous ne savez pas l’air de la Briguedondaine,
Vous ne riez jamais ! Je vous plains, bonnes gens ;
Vous en seriez meilleurs et bien plus indulgents. »
Grand haro pour le coup ! On crie, on s’égosille :
— « Enlevez la sorcière. — À la porte, la fille ! »
Quand, tout à coup, chacun reste le bec dans l’eau.
C’est le Père Éternel, c’est le Bon Dieu. Tableau.
Comme un pâtre appuyé sur son bâton d’érable
Il entre, caressant sa barbe vénérable,
Et dans les plis royaux de son long manteau bleu
Frissonne un soleil d’or. Intimidée un peu,
Rosette gentiment a fait la révérence,
Et lui : « Mes chers amis, cette enfant vient de France.
Vous n’y comprenez rien, je n’en suis pas surpris.
Nous n’avons pas ici grand monde de Paris.
Mais quoi ! le cœur est bon si la tête est légère ;
Saint Pierre, en ton bercail reçois cette bergère ;
Elle a l’éclat de rire et le parler joyeux.
Ouvre : pour cette fois nous fermerons les yeux. »