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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/126

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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

lars engagés par le « traitant », et la différence passe à la caisse du comité.

C’est alors un assaut de générosité, à qui « traitera ». Et les dollars de pleuvoir sur la table du « salon ».

Il y a aussi des comptoirs de friandises, où l’on vend des fruits et des gâteaux le plus cher possible ; de petites tombolas pour les enfants, etc.

Voici l’ordre de la fête proprement dite. Dès la veille, les abords de l’église ont été décorés et les rues « balisées », c’est-à-dire plantées de petits sapins verts. À dix heures, messe solennelle, avec panégyrique du Saint. Il y a beaucoup de monde, des hommes surtout, et les syndics[1] font une quête fructueuse. Après la messe, la foule se répand dans les rues et se dirige vers l’hôtel, où des centaines de convives vont se succéder à de longues tables, sans cesse renouvelées. Cela dure jusque vers trois heures, au milieu d’une animation extraordinaire. Alors commencent les jeux, qui se prolongent pendant toute la soirée.

Puis vient le clou de la fête : le bal. C’est l’heure solennelle, l’heure escomptée d’avance par le comité pour recueillir les écus à pleines mains, car chaque cavalier doit payer son admission, au moins un dollar, et il y a foule.

Quoi ! me direz-vous, on danse au profit du curé ? Eh ! bien, oui ; on danse là-bas au profit du curé. Évidemment il ne s’agit que de danses honnêtes, dans une maison honnête, avec des gens honnêtes. On danse donc toute la nuit avec entrain et je sais pertinemment que tout se passe très bien. D’ailleurs, j’ai rarement vu une foule plus respectable dans sa simplicité rustique que celle qui se pres-

  1. Les syndics, élus à la majorité des suffrages, forment le conseil du curé. Il n’y a pas d’autres représentants de l’autorité dans la paroisse. Pas de maire, pas d’adjoints.