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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/166

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MONOGRAPHIES INDIENNES.

de l’extrême chaud à l’extrême froid. J’ai vu moi-même un homme atteint de pleurésie, jeté nu de la tente de sueur dans la neige. La mort ne se fit pas attendre.

Leurs remèdes se réduisent à quelques racines qu’ils emploient comme cathartiques ou émétiques. En dehors de cela, ils ont peu de véritables remèdes. Ils chantent, bat­tent du tambour, font semblant d’aspirer le virus ou le mauvais esprit du corps malade, emploient la pipe et des pierres de forme curieuse avec une variété de céré­monies que seule peut inventer la cervelle d’un Indien. Ils imitent le mugissement du taureau ou le sifflement du serpent, etc. Ils terminent en comprimant le ventre du malade avec les poings ou avec des bâtons recourbés, ou bien encore ils sautent sur lui et le foulent de leurs pieds, comme le raisin dans le pressoir.

Battre du tambour et chanter est le grand remède. Un pauvre malade est-il enflé par tout le corps, ou en proie à de vives souffrances, l’homme de médecine place sa main au-dessus d’un foyer, et quand elle est chaude, il l’étend au-dessus du malade en l’agitant avec rapidité comme dans un accès de délirium tremens. En même temps il chante ou imite le sifflement d’un serpent ou la détonation d’un coup de fusil.

La pipe joue un grand rôle dans la médecine indienne. Ils l’allument, tirent deux ou trois bouffées, l’élèvent en l’air, la présentent au soleil, puis à la terre comme s’ils fumaient en l’honneur du soleil et de la terre. L’homme de médecine aspire ou avale, je ne sais comment, une bonne quantité de fumée, puis la souffle pendant près d’une minute sur tout le corps du malade. Les uns en­voient la fumée par la bouche ; d’autres, ayant couvert la pipe d’un mouchoir, soufflent dedans de manière à