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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/168

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MONOGRAPHIES INDIENNES.

sissant le moment où il mettait ses doigts dans la bouche, j’avançai la main pour recevoir ce qu’il avait tiré. Il me le donna et me ferma le poing  ; je le rouvris et trouvai un morceau d’ongle. Il faisait croire à la vieille et au jeune homme qu’il avait réellement tiré quelque chose du corps de l’infirme, la cause de la maladie, et qu’il l’avait guéri.

Une autre fois, je me trouvais dans une case où un jeune garçon de dix ans avait la fièvre paludéenne. L’homme de médecine vint, portant des herbes dans un petit sac. Il déposa le paquet, et avec deux doigts il commença à presser le corps du malade en diverses parties pour trouver le siège du mal. Enfin il montra les côtes et dit : «  Là est le mal.  » Il se mit de l’herbe sèche dans la bouche, la mâcha et la cracha ensuite sur le corps du malade  ; puis il approcha ses lèvres des côtes et se mit à sucer en mugissant comme un taureau, balançant la tête à droite et à gauche comme s’il voulait arracher une racine avec les dents. Il se releva et laissa couler de sa bouche sur sa main la salive verte. La, grand-mère de l’enfant me dit toute triomphante : «  Voyez le pus qu’il a sucé  !   » Je me levai brusquement comme si j’avais voulu en venir aux mains avec l’homme de médecine, je lui dis d’un ton irrité : «  Tu es un imposteur  ! cela n’est point du pus, mais simplement le suc de l’herbe que tu as mâchée.  » L’homme de médecine, qui ne s’attendait pas à une pareille algarade, répondit froidement : «  Tu as raison, cela n’est point du pus, mais le suc de l’herbe.  »

Un autre spécifique de la médecine indienne consiste à masser le ventre avec les poings fermés, comme les boulangers qui pétrissent le pain, et ils font cela pour remuer les intestins et pour chasser les mauvais esprits