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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/174

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MONOGRAPHIES INDIENNES.

VIII.

Le massacre des Pieds-Noirs par les troupes du colonel

Baker.


La tribu des Pieds-Noirs fut toujours la terreur des tribus voisines. À l’arrivée des blancs, pour une raison ou pour une autre, ils en vinrent aux mains avec eux. Si un Pied-Noir avait été tué par des Indiens ou par des blancs, d’après leurs coutumes, un Indien ou un blanc devait être tué en représailles.

En 1873, les Pieds-Noirs firent quelques incursions sur les bords de la rivière du Soleil, volèrent des chevaux, tuèrent des blancs et s’enfuirent vers le Nord. Quelques compagnies de soldats américains, sous le commandement du colonel Baker, se mirent à leur poursuite. Les éclaireurs découvrirent, sur les bords du fleuve Maria, un camp d’environ quatre-vingts tentes de Pieds-Noirs, et aussitôt ils revinrent en informer le colonel. Celui-ci, supposant que c’était les voleurs, fit avancer ses troupes et prit position près du camp. Au point du jour, pendant que les sauvages étaient encore endormis, il ordonna d’ouvrir le feu sur les tentes, et fit un affreux massacre de ces pauvres gens, hommes, femmes et enfants. Or les Pieds-Noirs qui avaient fait la razzia, ne s’étaient pas arrêtés au fleuve Maria, mais avaient continué leur fuite précipitée vers le Nord, d’où, après une longue chasse, revenaient précisément ces malheureux chargés de peaux de buffalo : ignorant ce qui s’était passé, ils se dirigeaient vers Benton pour y vendre le produit de leur chasse et acheter ce qui leur était nécessaire. Et ainsi, par une fatale erreur, beaucoup d’innocents avaient été sacrifiés. Sur quatre cents personnes, soixante-dix à peine échappèrent, et presque toutes blessées.