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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/194

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il leur servit cette viande qu’elles prirent pour du chevreuil et trouvèrent excellente ; puis il s’enfuit. Ayant découvert la cruelle vérité, les pauvres mères allèrent sur la colline pousser des gémissements et de longues lamentations. Près du sommet, elles virent un homme sortir d’un trou : c’était l’entrée d’une galerie souterraine qui avait une autre ouverture derrière la colline. L’homme les engagea à descendre dans cette galerie, leur disant qu’elles y trouveraient certainement le Napi. Sitôt qu’elles y furent, le Napi (car c’était lui) alluma un grand feu aux deux extrémités, et les malheureuses périrent suffoquées.

Un jour je demandai à un de mes néophytes, nommé « Queue-d’Écureuil », ce qu’il pensait du Napi. « Je crois que c’est le diable, me répondit il. — Et moi aussi, repris-je, je le crois, car il en a tous les traits ; il ne lui manque pas même les cornes. »


XVI.

Une pipe vendue pour trente chevaux.


Un Indien nommé Grande-Plume avait vendu sa pipe pour trente chevaux. Comme je demandai à des sauvages la raison de ce prix exorbitant : « Était-ce donc une si grande pipe ? » ils me répondirent : « Non, c’est une pipe ordinaire, mais très vieille. » Elle remonte au temps où les Pieds-Noirs habitaient dans les cavernes, n’ayant ni chiens ni chevaux et dès lors elle passait en héritage d’un chef à l’autre. Elle vint ainsi jusqu’à Grande-Plume.

» Il y a quelque temps un Indien nommé « Buffle-Croissant » tomba gravement malade ; comme il avait