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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/196

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suffisait, j’ajoutai : « Je suis enchanté de cette causerie ; revenez encore me voir et me conter les traditions et les croyances de votre nation pour que j’en écrive à mes amis d’Europe qui désirent tant connaître votre histoire. »


XVII

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Prière d’un Sauvage.


Jean grande-plume est un vieillard de soixante ans et plus, baptisé il y a environ deux mois. Il est venu me voir et m’a dit : « J’ai connu la Robe Noire, il y a 40 ans, quand j’étais encore jeune guerrier, et j’ai appris de lui à prier Dieu et à faire le signe de la croix. D’une main je prenais la prière de la Robe Noire et de l’autre je gardais toutes les prières et superstitions païennes. Je priais Dieu d’abord ; puis le soleil, la lune, les étoiles, la terre et tout ce que prient les païens. À la guerre, avant d’attaquer l’ennemi, je descendais de cheval, je m’agenouillais, faisais le signe de la croix et priais Dieu ; ensuite je priais comme les Pieds-Noirs et je suis resté sain et sauf jusqu’aujourd’hui. J’ai tué beaucoup d’hommes et de femmes ; je n’ai jamais menti, jamais volé et j’ai fait tout le reste.

» L’année dernière au mois de juin, mon fils âgé de sept ans tomba gravement malade ; je priai pour lui tout ce que je pouvais prier, et mon fils mourut. Je promis à Dieu que je me ferais baptiser le 4 juillet si mon fils guérissait : mon fils mourut.

» Je priai le soleil et tout ce qui est au firmament, je priai la terre, les chiens de la prairie, je priai l’eau ; quand je buvais, je disais : Eau, aie pitié de moi, guéris