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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/21

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LE VOYAGE

d’avoir lu quelque part dans un journal de New-York un article intitulé à tort ou à raison  ; «  Pourquoi notre vice national est-il le parjure  ?   »

La première vue de New-York frappe par son étrangeté : cette armée de maisons hautes de vingt étages, rangées en bataille sur la pointe de l’île de Manhattan, comme pour délier les assauts de la vieille Europe, produit sur le nouveau venu une impression de force et de solidité massive qui ne manque pas de grandeur, mais qui certainement manque d’élégance. Nous dépassons la pointe de Manhattan, et bientôt nous voici au dock de l’«  American Line  ». Une foule compacte nous attend sur le quai avec un calme qui m’étonne, et nous souhaite la bienvenue sans cris, presque sans bruit, en saluant de la main et en agitant des mouchoirs blancs. Nous débarquons aussitôt entre deux haies de douaniers, et tous nous sommes conduits dans un immense hangar, où doivent être inspectés nos gros bagages. D’énormes grues à vapeur les transbordent déjà du bateau dans ce hangar  ; c’est un spectacle presque effrayant de voir ces puissants engins jeter sur le sol avec un bruit assourdissant une avalanche de malles et de caisses de toutes formes et de toutes dimensions. C’est ici qu’il nous faudra de la patience  ; avant d’ouvrir leurs malles devant un des inspecteurs, les passagers doivent d’abord un à un se présenter par ordre d’arrivée au contrôleur général, qui leur délivre un certificat d’identité et l’autorisation d’enlever leurs bagages. On fait queue ainsi pendant des heures, quelquefois pendant une demi-journée, avant d’obtenir le visa de cet agent perspicace, qui a mission de passer au crible tous les nouveaux venus. Grâce à un heureux con- cours de circonstances, nous n’attendîmes pas plus de trois heures. C’était peu quand on songe à l’extrême sé-