Aller au contenu

Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cause sa venue. Pour en donner une idée, il suffira de rapporter ce qu’écrivait il y a quelque temps un missionnaire nouvellement arrivé dans cette Réduction. « Après avoir fait par mer le trajet de San Francisco à Portland, principale ville de l’Orégon, et de Portland à Walluda, petite ville du territoire de Washington, sur les bords du grand et beau fleuve Colombia, il me restait encore à parcourir à cheval 240 milles pour atteindre la Mission du Sacré-Cœur, dans la Réserve des Cœurs d’Alêne. À Walluda, je rencontrai un missionnaire venu à ma rencontre. Il amenait un cheval pour moi et un autre pour les bagages. Vers midi, nous nous mîmes en route pour arriver avant la nuit à Wallawalla, distant de 30 milles, où il avait laissé les couvertures et les provisions. Il nous fallut galoper longtemps ; j’arrivai à demi mort de fatigue et affreusement courbaturé par cette course rapide. Nous nous reposâmes un jour, puis nous repartîmes, et après avoir parcouru 35 milles, nous descendîmes dans la maison d’un Américain. Le matin nous remontâmes de nouveau à cheval, et après avoir parcouru 40 lieues, nous campions à la belle étoile. Mon compagnon, me voyant à bout de forces, déchargea les valises, dessella les chevaux et les attacha à de longues cordes pour qu’ils pussent brouter dans la prairie, alluma un grand feu et me prépara un léger souper avec une tasse de café. Après le repas, il étendit sur la terre nue deux peaux de bisons avec deux couvertures de laine. Le lit était, à vrai dire, un peu dur, mais j’y dormis profondément jusqu’au matin. Mon compagnon, éveillé de bonne heure, fit sa méditation et prépara le déjeuner, pendant que je faisais la grasse matinée. Quand tout fut prêt, il m’éveilla : « Eh ! mon brave, faites un grand signe de croix, récitons l’Angelus et venez déjeuner. » Alors je mangeai un peu,