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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/38

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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

de nomades. Il y a cependant à Missoula quelques grands et beaux édifices en briques ou même en pierres. Près de l’église nous voyons une de ces constructions qui eût fait bonne figure dans nos plus grandes villes d’Europe  ; pensant, que là résidaient les missionnaires, nous sonnons à la porte. Quel ne fut pas notre étonnement de voir apparaître une grande jeune fille, portant sur la tête cette espèce de casque de lancier qui en Amérique sert de coiffure aux élèves des deux sexes fréquentant les Universités de l’État. Surpris, je lui demande : «  N’est-ce point ici que demeure le P. Palladino  ?   » Souriant de ma méprise, car j’avais pris le pensionnat pour la résidence des Pères, elle me montra de l’autre côté de la rue une maison en bois délabrée et d’aspect misérable. Ce fut une première désillusion pour mes compagnons de voyage, qui n’avaient aucune idée de cette pauvreté, je dirais même de cette indigence. Le presbytère d’ailleurs contrastait avec l’église, belle construction neuve en briques, ornée de vitraux peints. Disons dès à présent qu’après avoir achevé l’église on bâtit aussi un presbytère digne des deux monuments qui l’avoisinent.

Le bon P. Palladino fut d’autant plus surpris de nous voir que nous n’avions pas pu l’avertir d’avance de notre arrivée, et qu’à cette heure matinale il n’y avait aucun train venant de l’Est. Mais bientôt la glace fut rompue et il me dit après en riant de bon cœur : «  Figurez-vous que je vous ai pris pour des “tramps”. En anglais ce mot signifie un vagabond, un aventurier. Il fut aussitôt résolu que nous prendrions le train de 2 h. de l’après-midi pour Spokane  ; mais nous comptions sans les retards habituels aux lignes de l’Ouest, et c’est vers 4 h. seulement que nous partîmes. Je ne me doutais pas en ce moment que je devais passer presque tout le temps de