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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/77

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UNE PAROISSE AMÉRICAINE

et un gros gâteau. Décidément je ne mourrais pas encore de faim ce soir-là. Un troisième coup de sonnette : j’ouvre et je vois une fillette de huit à dix ans, les mains derrière le dos et qui me regarde bien en face. «  Qui êtes-vous  ? — C’est moi, répond-elle d’un ton décidé. — Qui vous  ? — Evelina. — Que voulez-vous, ma bonne petite  ? — Vous voir  ; on m’a dit que vous étiez arrivé.  » Voilà qui était bien américain.

La nuit venue, je fermai soigneusement mes portes, et

Église de Frenchtown et presbytère.


sans autre compagnie que celle de mon bon ange, je m’abandonnai aux douceurs du repos. Le lendemain à

sept heures, j’entendis sonner l’Angélus, et bientôt après le sacristain se présentait à ma porte. C’était un brave homme, passablement original  ; il s’appelait Paul-Saul et aurait aimé qu’on le désignât sous ce double nom  ; mais le public s’y refusa obstinément et se contenta de le surnommer Polyte, nom sous lequel il était connu dans toute la vallée. Je le confirmai dans ses fonctions de sacristain et moyennant 125 fr. par mois (la main-d’œuvre est très chère aux États-Unis), je l’engageai comme domestique. Il fut ainsi pendant trois ans tout à la fois cuisinier,