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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/136

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LES KIEKEFRETTERS

champs, montés les aucuns à cheval et leurs varlets derrière eulx qui portoyent flacons et bouteilles de vin troussées à leurs selles et aussi, parmi ce, fourage et pastez de saumon, de truites et d'anguilles enveloppés de belles petites tovailles (serviettes) ; et empeschoient là durement ces gens la place de leurs chevaulx, tant qu'on ne se pouvoyt ayder de nul costé » !

Voilà comment les Bruxellois partirent en guerre. Hélas ! de quelle façon revinrent-ils ! Nous le savons.

Le soir de la bataille, les Brabançons étant défaits, les ennemis s'emparèrent de leurs provisions et, à la barbe des vaincus, mangèrent le festin qu'ils trouvèrent tout préparé.

Et c’est pourquoi, aujourd’hui encore, le nom s’étant perpétué, on appelle les Bruxellois kiekefretters ou kiekeeters, « mangeurs de poulets ». Ils ne s’étaient pas mis une seule aile de poulet sous la dent. O ironie !