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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/141

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LÉGENDES BRUXELLOISES

La porte se referma.

Jean fit trois pas en avant. Il examina l’inconnu qui s’était débarrassé de son manteau et dont les traits étaient vaguement éclairés par les lueurs d’un maigre feu produisant plus de fumée que de chaleur.

— Messire Jonathas ! s’exclama-t-il.

*
* *

Messire Jonathas était le nom d’un riche Juif d’Enghien. Mécontent de la conversion de quelques-uns de ses coreligionnaires, abominant du reste la religion chrétienne, il avait résolu d’outrager celle-ci et ses partisans dans ce qu’ils ont de plus sacré, c’est-à-dire les hosties servant à la communion.

On sait, en effet, que ces dernières, après leur consécration par le prêtre, représentent aux yeux des chrétiens le corps du Christ qui lui-même est considéré comme le fils de Dieu. Or, outrager les hosties, c’était outrager Jésus-Christ et cela constituait, à cette époque, un crime d’une horreur sans nom et que les supplices les plus affreux étaient seuls capables de faire expier.

Tel était cependant le but de Jonathas d’Enghien. Mais, pour satisfaire sa vengeance, il fallait