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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/161

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LÉGENDES BRUXELLOISES

haute voix ; les uns, se disant bien informés, certifiaient que le jeune sire avait été assassiné ; d’autres, mieux au courant d’après eux-mêmes, prétendaient qu’il s’était suicidé. D’aucuns affirmaient que le crime était le résultat d’une vengeance ; suivant d’autres, la jalousie en était le motif.

— Qui sait, s’écriait une grosse commère, si ces Juifs maudits n’en sont pas les auteurs !

— Par saint Michel ! le fait est possible, répliquait un petit homme maigre, à la face chafouine ; ils sont capables de tout.

— On raconte qu’ils ont encore enlevé un enfant à Louvain, il y a quelques semaines, disait une jeune fille.

— Pourquoi faire ?

— Pour le tuer, selon leur habitude. Ce sont de méchantes gens et, sainte Gudule me pardonne ! ils méritent tous la corde.

Soudain, une voix s’éleva :

— Laissez les Juifs en paix, cette fois. Georges Van der Noot est mort en combat singulier, tué par son parent Walter Van der Noot. C’est moi qui vous le dis.

Tout le monde regarda celui qui avait parlé. C’était maître Jean Loose, l’un des meilleurs armuriers de la ville, renommé pour sa sagesse.