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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/164

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UNE VENDETTA AU MOYEN AGE

L’affaire fit grand bruit dans la cité, comme on l’a vu. Au surplus, le peuple et les magistrats commençaient à s’inquiéter sérieusement de ces duels qui, trop souvent, avaient lieu dans la ville, ensanglantant le pavé des rues.

Car c’était la coutume pour les chevaliers et les membres des lignages brabançons. S’élevait-il une querelle entre deux de ces fougueux sires, vite ils couraient aux armes. Les amis s’en mêlaient, les lignages soutenaient leurs membres et la rixe dégénérait en mêlée. L’orgueil des familles, le caractère altier des nobles, les habitudes de désordre de nos aïeux attisaient ces haines farouches qui se transmettaient de génération en génération comme un héritage de famille et la lutte continuait pendant dix, quinze ou vingt ans, semblable aux vendettas corses.

Vers la fin du XIVe siècle, et après l’histoire que nous racontons, des mesures d’excessive rigueur furent prises par les magistrats contre ceux qui troubleraient la paix publique par le fait de leurs querelles amendes, pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle, à Noyon, à Milan, bannissement en Provence, ou emprisonnement, augmentation de peine pour celui qui n’exécuterait pas la sentence, telles furent les principales dispositions des règlements pris contre ceux « qui se rendraient