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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/183

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LÉGENDES BRUXELLOISES

Ceux qui se trouvaient aux premiers rangs, pressés par les derniers, rompirent la ligne de soldats entourant l’échafaud. Ceux-ci eurent toutes les peines du monde à rétablir l’ordre.

Cependant, le bourreau se préparait à achever sa victime. Il brandit son glaive qui s’abaissa soudain. Mais soit que l’émotion fît trembler son bras, soit que la victime, hurlant et tressautant de douleur, l’empêchât de « viser » juste, ce deuxième coup, au lieu de séparer la tête du tronc, fit une seconde blessure à côté de la première. Le misérable se tordit de souffrance.

Alors ce fut parmi le peuple un frisson d’épouvante : des cris retentissaient, les moins sensibles étaient indignés de la maladresse de l’exécuteur. En un clin d’œil, les soldats furent refoulés, l’échafaud envahi et le bourreau renversé. Des gens le piétinaient, d’autres le frappaient ; on le traîna sur la place et on l’eût à coup sûr massacré, si des soldats n’étaient arrivés à temps et ne l’eussent arraché des mains de la populace. Une émeute faillit s’en suivre.

Qu’était devenu Arnoul de Beer ? À la faveur du tumulte, il avait disparu. Peut-être des complices ou des… collègues avaient-ils favorisé sa fuite. Peut-être, et le fait est plus probable, étaient-ce simplement de bons bourgeois qui, pris de pitié