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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/190

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UN MARIAGE SUR L’ÉCHAFAUD

Des histoires circulaient déjà dans la foule. On disait que cette jeune fille était la fiancée du patient qui n’avait jamais voulu croire à sa culpabilité, ou qui, y croyant, lui avait depuis longtemps pardonné son crime. Les femmes sentaient des pleurs mouiller leurs paupières ; les hommes mêmes murmuraient :

― Bah ! qu’on l’absolve !

Cependant, le bourreau, un instant distrait, s’était remis en position et allait faire son office.

Tout à coup, une immense clameur retentit ; l’exécuteur, pour la seconde fois, s’arrêta net et se retourna. Mille bras s’étaient levés ; on lui criait : « Merci ! Merci ! » Et l’un des magistrats s’agitait désespérément pour lui signifier sans aucun doute de surseoir à l’exécution.

Puis, la foule s’ouvrit subitement : la jeune fille était là. Elle traversa la place, volant plutôt qu’elle ne marchait, monta les degrés de l’échafaud et jeta ses bras autour du cou du condamné qui s’était dressé.

Les magistrats, émus, lui avaient accordé la grâce du coupable.

À une condition cependant. Condition fort drôle, qui jette un jour singulier sur la façon dont on entendait le droit de grâce à cette époque.

La jeune fille devait prendre le meurtrier pour époux.

Légendes bruxelloises.

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