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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/231

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LÉGENDES BRUXELLOISES

puissant seigneur et n’a, par conséquent, pu lui demander la cause de sa colère.

Peut-être sortait-il d’une réunion du conseil des finances et y avait-il longuement discuté avec ses collègues l’emploi des fonds, bien rares, hélas ! à cette époque, car la guerre avait repris depuis la mort d’Albert (1621) et nous sommes en 1624. Et, dans une interminable séance, peut-être lui avait-on fait d’amers reproches parce que les caisses étaient à moitié vides.

C’est en effet un rôle difficile à remplir que celui de ministre des finances. A-t-il de l’argent ? on lui reproche de n’en pas donner assez. N’en a-t-il pas ? on lui reproche de n’en pas donner du tout. Les meilleurs caractères finissent par s’aigrir en pareille situation et tel qui était le meilleur homme du monde avant son arrivée au pouvoir, devient peu à peu l’individu le plus irascible et cela parce qu’il manie l’argent de la nation. Il est des gens si difficiles à contenter !

Trêve à ces commentaires. Le duc de Croy était furieux.

Il rentra à son hôtel rue du Prévôt, maintenant la rue des Ursulines.

Arrivé dans son antichambre, il aperçut, allongé sur un banc, un de ses pages qui, se lassant d’attendre, s’était endormi.