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Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/82

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simplicité, l’aspect d’un temple consacré au culte de Bacchus et de Terpsychore ; d’abord, par une illusion d’optique assez naturelle, on n’est frappé que de l’exiguïté du local, mais l’œil venant à percer l’épaisse atmosphère de mille vapeurs qui ne sont pas inodores, l’étendue se manifeste par les détails qui s’échappent du chaos. C’est l’instant de la création, tout s’éclaircit, le brouillard se dissipe, il se peuple, il s’anime, des formes apparaissent, on se meut, on s’agite, ce ne sont pas des ombres vaines, c’est au contraire de la matière qui se croise et s’entrelace dans tous les sens. Que de béatitudes ! quelle joyeuse vie ! jamais pour des épicuriens, tant de félicités ne furent rassemblées, ceux qui aiment à se vautrer y ont la main, de la fange partout : plusieurs rangées de tables, sur lesquelles, sans qu’on les essuie jamais, se renouvellent cent fois le jour les plus dégoûtantes libations, encadrent un espace réservé à ce qu’on appelle les danseurs. Au fond de cet autre infect, s’élève, supportée par quatre pieux vermoulus, une sorte d’estrade construite avec des débris de bateaux, que dissimule le grossier assemblage de deux ou trois lambeaux de vieille tapisserie. C’est sur cette cage à poulets qu’est juchée la musique : deux cla-