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Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/120

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mais encore il ne devait rien dire qui pût servir d’indice contre elle. Alors, il allait donc se trouver forcé de mentir à la justice humaine ?

Ce dilemme le tenait dans une angoisse inexprimable, car il ne fallait pas se faire d’illusion, la question qui lui serait posée le mettrait dans l’alternative de répondre — « ou je ne sais rien touchant cet enfant et son état civil » — ou « si je sais quelque chose je ne puis rien dire, l’ayant su par le secret de la confessions. »

Or, répondre cela c’était déjà guider les recherches de la justice. On trouverait facilement les pénitentes possibles d’un pauvre prêtre de campagne, ne sortant presque jamais de sa paroisse, et, parmi ces pénitentes, on ne prendrait pas garde aux paysannes qui ne sauraient avoir ni l’idée, ni l’intérêt, ni l’audace, de frauder un acte de l’état civil, — qui, enfin, ne pouvaient aucunement être en cause dans cette affaire.

Plus l’abbé Dablin songeait et s’interrogeait, plus il tremblait devant ce redoutable :

   Devine si tu peux et choisis si tu l’oses !

qui tient les consciences en échec.

Il fallait partir, d’ailleurs.

« Mon Dieu, dit-il, envoyez-moi votre lumière au moment d’agir !… »