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Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/229

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XI


Le comte la laissa seule après l’avoir affectueusement embrassée. Elle se coucha, en effet, mais elle demeura longtemps agitée et dans un état de surexcitation, qui n’était ni la veille ni le sommeil.

Après des efforts infructueux pour se calmer et s’endormir, elle se releva pour aller prendre, sur le guéridon du salon, un des livres français qui s’y trouvaient mêlés aux journaux de sport et de voyage.

Si un observateur se fût trouvé là et eût été doué, pour un instant, du don de double vue, à coup sûr, la comtesse lui fût apparue entre son bon et son mauvais ange, et suivant instinctivement l’impulsion du second. Oui, c’était un démon, sans doute, qui, de son doigt de feu, lui montra le livre qu’elle prit… au hasard !

Elle s’assit dans un grand fauteuil à la Voltaire, avança la lampe, ouvrit au milieu le joli volume doré sur tranches, et se mit à lire : Paul et Virginie.

Mais, d’où vient que, tout à coup, elle rougit et pâlit et sentit l’orage de son cœur augmenter au lieu de s’apaiser ?