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Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/26

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chose que l’on tue avec des sanglots qui la tenait là, en proie à une mystérieuse angoisse. C’était le désespoir.

De temps à autre le chant d’un bouvier éveillait l’écho ; un pâtre traversait la prairie voisine en appelant celles de ses bêtes qui faisaient irruption dans les terres labourées. Rien n’éveillait la marquise de sa sombre léthargie. Personne, d’ailleurs, ne passait dans ce chemin creux et défoncé, impraticable aux voitures en tout temps, et plus impraticable encore aux piétons, s’il n’y avait eu, sur le versant du talus, un sentier qui serpentait au gré des mouvements du terrain.

Enfin madame de Fayan regarda l’heure à sa montre, et se leva lentement pour continuer son pèlerinage au presbytère. Sa démarche trahissait encore bien de l’incertitude, et le soin qu’elle prenait de couper à travers champs, sans souci des guérets, des brandes et des hautes herbes, témoignait qu’elle voulait éviter les rencontres qui eussent troublé sa délibération intérieure.

Quand elle se trouva devant la chaumière curiale, elle s’arrêta comme par une dernière hésitation. Il y avait longtemps qu’elle n’était venue chez l’abbé Dablin qui, tous les dimanches, allait au château dire une seconde messe et déjeuner. Elle regarda ce seuil tranquille, cette porte entr’ouverte, qu’entouraient