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Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/85

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énergie. — Il serait trop lâche de l’abandonner, ajouta-t-elle comme en se parlant à elle-même.

Le marquis n’appela pas de cette décision qu’il prit pour une chevaleresque protestation contre des calomnies anonymes ; mais un nuage passa sur son front ; car, après tout, il eût mieux aimé ne pas donner Mlle Ernestine pour compagne à sa fille.

Quand la marquise eut refermé la porte de sa chambre, elle alla tomber à genoux sur son prie-Dieu, saisit à deux mains son front brûlant et laissa librement couler les larmes que, depuis deux heures, ses yeux s’efforçaient de contenir. Elle pleura longtemps, elle cria vers Dieu d’ardentes prières : « Punissez-moi. Seigneur, disait-elle ; frappez-moi selon la rigueur de votre justice ; humiliez la détestable hypocrisie dont j’ai fait un manteau pour cacher mes dérèglements… mais ne permettez pas que je sois condamnée à entendre accuser l’innocent, à voir porter par autrui le poids de ma faute !

» Je me dénoncerai plutôt moi-même ! se dit la noble et malheureuse femme… — Hélas ! le puis-je ?… » pensa tout aussitôt la marquise de Fayan.

Elle restait abîmée sous le poids de sa honte. Pour les âmes fières il est de ces humiliations intimes qui