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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/119

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— J’ai vu son désespoir passer tes espérances,
Oui, sois heureuse, elle a sa part dans nos douleurs ;
Quand j’ai crié ton nom, elle a versé des pleurs ;
Car je ne sais quel mal circule dans mes veines ;
Mais je t’invoquais seule avec des plaintes vaines.
J’ai cru d’abord mourir et n’avoir pas le temps
D’appeler ton pardon sur mes derniers instants.
Oh ! parle ; mon cœur fuit ; quitte ce dur langage ;
Qu’un regard… Mais quel est ce blanchâtre breuvage
Que tu bois à longs traits et d’un air insensé ?

— Le reste du poison qu’hier je t’ai versé. »


Écrit en 1823, dans les Pyrénées.