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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/174

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Laisse à l’arrière L’Alceste
Et marche seule à l’avant.
Par son pavillon conduite,
L’escadre n’est à sa suite
Que lorsque, arrêtant sa fuite,
Elle veut l’attendre enfin :
Mais, de bons marins pourvue,
Aussitôt qu’elle est en vue,
Par sa manœuvre imprévue,
Elle part comme un dauphin.


VI



Comme un dauphin elle saute,
Elle plonge comme lui
Dans la mer profonde et haute,
Où le feu Saint-Elme a lui.
Le feu serpente avec grâce ;
Du gouvernail qu’il embrasse
Il marque longtemps la trace,
Et l’on dirait un éclair
Qui, n’ayant pu nous atteindre,
Dans les vagues va s’éteindre,
Mais ne cesse de les teindre
Du prisme enflammé de l’air.