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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/178

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Car, étant son capitaine,
Comme un enfant je l’aimais ;
J’aurais moins aimé peut-être
L’enfant que j’aurais vu naître.
De son cœur on n’est pas maître.
Moi, je suis un vrai marin ;
Ma naissance est un mystère ;
Sans famille, et solitaire,
Je ne connais pas la terre,
Et la vois avec chagrin.


XII



Mon banc de quart est mon trône,
J’y règne plus que les Rois ;
Sainte Barbe est ma patronne ;
Mon sceptre est mon porte-voix ;
Ma couronne est ma cocarde ;
Mes officiers sont ma garde ;
A tous les vents je hasarde
Mon peuple de matelots,
Sans que personne demande
A quel bord je veux qu’il tende,
Et pourquoi je lui commande
D’être plus fort que les flots.