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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/181

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Son poitrail est lavé par le flot transparent,
Comme un écueil où l’eau se joue en expirant ;
Le duvet qu’en passant l’air dérobe à sa plume
Autour de lui s’envole et se mêle à l’écume ;
Une aile est son coussin, l’autre est son éventail ;
Il dort, et de son pied le large gouvernail
Trouble encore, en ramant, l’eau tournoyante et douce,
Tandis que sur ses flancs se forme un lit de mousse,
De feuilles et de joncs, et d’herbages errants
Qu’apportent près de lui d’invisibles courants.


LE COMBAT

XVI



Ainsi près d’Aboukir reposait ma Frégate ;
A l’ancre dans la rade, en avant des vaisseaux,
On voyait de bien loin son corset d’écarlate
Se mirer dans les eaux.

Ses canots l’entouraient, à leur place assignée.
Pas une voile ouverte, on était sans dangers.
Ses cordages semblaient des filets d’araignée,
Tant ils étaient légers.