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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/92

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III



Ce jour-là, des remparts, on voyait revenir
Un voyageur parti pour la ville de Tyr.
Sa suite et ses chevaux montraient son opulence :
Guidés nonchalamment par le fer d’une lance,
Fléchissaient sous leur poids, et l’onagre rayé,
Et l’indolent chameau, par son guide effrayé ;
Et douze serviteurs, suivant l’étroite voie,
Courbaient leurs fronts brûlés - sous la pourpre et la soie ;
Et le maître disait : « Maintenant Sephora
Cherche dans l’horizon si l’époux reviendra ;
Elle pleure, elle dit : « Il est bien loin encore !
« Des feux du jour pourtant le désert se colore !
« Et du côté de Tyr je ne l’aperçois pas. »
Mais elle va courir au-devant de mes pas.
Et je dirai : « Tenez, livrez-vous à la joie !
« Ces présents sont pour vous, et la pourpre et la soie,
« Et les moelleux tapis, et l’ambre précieux,
« Et l’acier des miroirs que souhaitaient vos yeux. »
Voilà ce qu’il disait, et de Sion la sainte
Traversait à grands pas la tortueuse enceinte.