Page:Vigny - Œuvres complètes, Stello, Lemerre, 1884.djvu/453

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qu’il jette aux petits théâtres comme des bouquets, il les intitule tantôt folies, tantôt impromptus ; quelquefois des deux noms ensemble. L’un des premiers se nomme le Rêve. (C’est toujours par un beau songe que nous commençons.) Celui-ci plut beaucoup au public qui, tous les soirs, vient voir passer les rêves du théâtre, ce souverain capricieux qui, lorsque la soirée commence, est notre adversaire, et qui parfois, lorsqu’elle finit, est devenu notre ami. Dès la première entrevue, il fut l’ami du jeune Girondin.

Pendant quinze ans, on écoute avec joie des pièces joyeusement écrites. Depuis la scène des Troubadours, des Variétés, de Vaudeville, jusqu’à celles de la Comédie Française et de l’Opéra, le jeune Étienne multiplie ses fantaisies toujours brillantes, toujours inoffensives et faites dans un vrai sentiment d’honnête homme. Une sorte de naïveté vive s’y reconnaît aussi, et y correspond à l’un des traits distinctifs de son caractère, qu’il conserva jusqu’au dernier âge de sa vie.

Ici, Messieurs, et avant de nommer ces œuvres pleines d’intérêt et de grâce, je dois quitter un moment avec lui les théâtres de Paris, pour dire combien le goût qu’il avait pour la scène lui fut propice dès les premiers pas qu’il y voulut hasarder.