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Page:Vigny - Œuvres complètes, Stello, Lemerre, 1884.djvu/468

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– Lorsque vint une comédie qui disait tout haut cette secrète horreur, le peuple jeta ce cri dont on se souvient encore après trente-deux ans ; tant est forte la voix d’une juste indignation et d’une douleur de père.

Ce sont là les cris qu’il est glorieux pour nous de faire pousser aux nations, car la main qui fait gémir le blessé est celle aussi qui guérit la blessure. La tribune du théâtre protesta quand les deux autres étaient muettes. – Au milieu de Paris, la première représentation fut brillante et remplit de tempêtes la Comédie-Française.

Tout ce bruit se fit entendre jusque dans le palais souverain. On y voulut voir ce qui causait un tel tumulte et s’il serait bon de permettre tant de joie. – Celui qui dominait tout et qui redoutait beaucoup aussi, voulut savoir ce que valait cette arme qu’il se disposait à briser. – Il la fit jouer à I’écart, pour en bien mesurer la portée.

Ce fut là une soirée de mauvais augure. Il y avait loin de cette représentation à celle du Camp de Boulogne.

On était dans la salle étroite de Saint-Cloud, en 1813, dans la dernière année du règne. Le dictateur était triste et sentait que son empire n’était pas même viager.

L’édifice était ébranlé et celui qui l’avait