Aller au contenu

Page:Vigny - Œuvres complètes, Stello, Lemerre, 1884.djvu/480

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il avait commencé une grande comédie dont il nous restera des fragments excellents. Elle était intitulée l’Envieux.

Tout le monde n’a pas l’honneur d’avoir des envieux. M. Étienne pouvait connaître les siens. Mais apparemment la laideur du modèle le dégoûta du portrait. Il ne l’acheva pas.

On regrette et l’on ne peut trop regretter ses Mémoires projetés ; car l’histoire n’est jamais plus belle qu’écrite par ceux qui furent les acteurs ou les confidents de ses grandes choses. Pour moi, j’aurais voulu surtout le voir se souvenir de la poésie et du théâtre, et revenir à ses premières amours ; s’il eût chanté les forêts, assurément elles eussent été dignes d’un consul. Mais quoi ! le bonheur a le défaut d’être insouciant, et, en vérité, le bonheur se voit si rarement qu’on peut lui pardonner cette imperfection, surtout vers la fin d’une carrière si active dans les travaux de l’art et de la politique la plus haute, si féconde dans l’un en œuvres variées et dans l’autre en graves mesures, en discussions ardentes et en importants résultats.

Une autre considération d’ailleurs me fait penser que l’on peut voir son absence subite et totale de l’art dramatique avec moins de regret, c’est qu’il est resté ainsi arrêté dans sa route, mais non altéré et faussé. Ce qu’il a écrit a été