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Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/109

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« Eh ! quoi ! vous pâlissez ! Que le feu du baiser
« Consume nos amours qu’il peut seul apaiser ;
« Qu’il vienne remplacer cette crainte farouche
« Et fermer au refus la pourpre de ta bouche· !… »
On n’entendit plus rien, et les feux abrégés.
Dans les lampes d’airain moururent négligés.



Quand le soleil levant embrasa la campagne
Et les verts oliviers de la sainte montagne,
À cette heure paisible où les chameaux poudreux
Apportent du désert leur tribut aux Hébreux ;
Tandis que de sa tente, ouvrant la blanche toile,
Le passeur, qui de l’aube a vu pâlir l’étoile,
Appelle sa famille au lever solennel,
Et salue, en ses chants, le jour et l’éternel,
Le séducteur, content du succès de son crime,
Fuit l’ennui des plaisirs et sa jeune victime.
Seule, elle reste assise, et son front sans couleur
De l’immortel remords a déjà la pâleur ;