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Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/126

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le prêtre.

Le Sauveur était Dieu ;
Mais, sans nous élever jusqu’à ce divin Maître ;
Si j’osais après lui nommer encor le prêtre,
Je vous dirais : Et moi, pour combattre l’enfer,
J’ai resserré mon sein dans un corset de fer ;
Mon corps a revêtu l’inflexible cilice
Où chacun de mes pas trouve un nouveau supplice.
Au cloître est un pavé que, durant quarante ans,
Ont usé, dans les pleurs, mes genoux pénitens,
Et c’est encor trop peu que de tant de souffrance
Pour acheter du Ciel l’ineffable espérance.
Au creuset douloureux tout notre être épuré
S’envole en bienheureux vers le séjour sacré.
Le temps nous presse : au nom de vos douleurs passées,
Par des larmes montrez vos fautes passées ;
Et devant cette Croix, où Dieu monta pour nous,
Souhaitez comme moi de tomber à genoux.
Sur le front du vieux moine une rougeur légère
Fit renaître une ardeur à son âge étrangère ;