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Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/137

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Interrompant sa voix, tombaient sur le saint livre ;
Et, lorsque la douleur l’empêchait de poursuivre,
Sa main jetait alors l’eau du rameau béni.
Sur celui qui du Ciel peut-être était banni.
Et puis, sans se lasser, il reprenait encore
De sa voix qui tremblait dans la prison sonore,
Le dernier chant de paix ; il disait : « Ô Seigneur[1] !
« Ne brisez pas mon âme avec votre fureur ;
« Ne m’enveloppez pas dans la mort de l’impie[2]. »
Il ajoutait aussi : « Quand le méchant m’épie,
« Me ferez-vous tomber’, Seigneur, entre ses mains[3] ?
« C’est lui qui sous mes pas a rompu vos chemins ;
« Ne me châtiez point, car mon crime est son crime.
« J’ai crié vers le Ciel du plus profond abîme[4].
« Ô mon Dieu ! tirez-moi du milieu des méchans ! »
Lorsqu’un rayon du jour eut mis fin à ses chants,
Il entendit monter vers les noires retraites,’
Et des voix résonner dans ces voûtes secrètes.

  1. Psaume XXXVII, V. 1.
  2. Psaume XXVII, V. 5.
  3. Psaume XXXVI, V. 32.
  4. De Profondis