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Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/146

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Que la rose et l’œillet, l’honneur de votre front ;
Et, du temps indompté, lorsque viendra l’affront,
Quelles seront alors vos tardives alarmes ?
Un teint, déjà flétri, pâlira les larmes,
Les larmes, à présent doux doux trésor des amours,
Les larmes, comte l’âge inutile secours :
Car les ans maladifs, avec un doigt de glace,
Des chagrins dans vos cœurs auront marqué la place,
La morose vieillesse… Ô légères beautés !
Dansez ; multiplier vos pas précipités,
Et dans les blanches mains les mains entrelacées,
Et les regards de fou, les guirlandes froissées,
Et le rire éclatant, cri des joyeux loisirs,
Et que la salle au loin tremble de vos plaisirs.



Où donc est la gaîté de la danse légère ?
Ces mots ont-ils détruit sa grâce passagère ?
Au lieu du rire éteint qui n’ose plus s’offrir,
L’éventail déployé nous dérobe un soupir.