Aller au contenu

Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais le cri du départ succède à la prière ;
D’innombrables flambeaux que voile la poussière,
Retournent aux vaisseaux ; il y marche à grands pas ;
Changeant sa rêverie en l’espoir des combats,
Tandis que l’ancre lourde en criant se retire,
Sur le pont balancé du plus léger navire,
Il s’élance joyeux comme le cerf des bois,
Qui de sa blanche biche entend bramer la voix,
Et prompt au cri plaintif de sa timide amante
Saute d’un large bond la cascade écumante.
La voile est déployée à recevoir le vent,
Et les regards d’adieu vers le mont s’élevant,
Ont vu près d’un feu blanc dont l’île se décore,
Le vieux moine, et sa Croix qui les bénit encore.



On partait, on voguait, lorsqu’un timide esquif
Comme aux bras de sa mère accourt l’enfant craintif,
Au milieu de la flotte en silence se glisse.
— « Êtes-vous Grecs ? Venez, que l’Ottoman périsse ! »