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Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/40

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Elle tremble et rougit : va-t-elle raconter
Les secrets de son cœur qu’elle ne peut dompter ?
« J’avais baissé les yeux en implorant le glaive ;
« J’ai trouvé le vengeur, ma tête se relève,
« Dit-elle : ô donnez-moi ce luth ionien,
« Nul amour pour les chants ne fut égal au mien.
« Se mesurant en chœur, que vos voix cadencées
« Suivent le mouvement des poupes balancées.
« Ô jeunes Grecs ! chantons ; que la nuit et ces bords
« Retentissent émus de nos derniers accords :
« Les accords précédaient les combats de nos pères ;
« Et nous, n’avons-nous pas nos trois Muses sévères,
« La Douleur et la Mort toujours devant nos yeux,
« Et la Vengeance aussi, la volupté des Dieux ? »

le chœur des grecs.

Ô jeune fiancée ! ô belle fugitive !
Les guerriers vont répondre à la Vierge plaintive ;
Le dur marin sourit à la faible beauté,
Et son bras est vainqueur quand sa voix a chanté.