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Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/71

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LA DRYADE.

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Vois-tu ce vieux tronc d’arbre aux immenses racines ?
Jadis il s’anima de paroles divines ;
Mais, par les noirs hivers, le chêne fut vaincu,
Et la Dryade aussi comme l’arbre a vécu :
(Car, tu le sais, berger, ces Déesses fragiles,
Envieuses des jeux et des danses agiles,
Sous l’écorce d’un bois où les fixa le sort,
Reçoivent avec lui la naissance et la mort.)
Celle dont la présence enflamma ces bocages,
Répondait aux pasteurs du sein des verts feuillages,
Et, par ces bruits secrets, mélodieux et sourds,
Donnait le prix du chant, ou jugeait les amours.