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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/117

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sensible vous m’arrêtez tout court ; ma foi, vogue la galère ! vive Démocrite ! Habituellement j’aime mieux qu’on ne rie ni ne pleure, et qu’on voie froidement la vie comme un jeu d’échecs, mais, s’il faut choisir d’Héraclite ou de Démocrite pour parler aux hommes d’eux-mêmes, j’aime mieux le dernier, comme plus dédaigneux. C’est vraiment par trop estimer la vie que la pleurer : les larmoyeurs et les haïsseurs la prennent trop à cœur. C’est ce que vous faites, dont bien me fâche. L’espèce humaine, qui est incapable de rien faire de bien ou de mal, devrait moins vous agiter par son spectacle monotone. Permettez donc que je poursuive à ma manière.

— Vous me poursuivez en effet », soupira Stello d’un ton de victime.

L’autre poursuivit fort à son aise :

« Kitty Bell reprit la lettre, tourna languissamment sa tête vers la rue, la secoua deux fois et me dit :

« He is gone ! »

— Assez ! assez ! La pauvre petite ! s’écria