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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/12

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dénouer miraculeusement ses événements particuliers, quelque embrouillés et confus qu’ils se trouvassent ; aussi ne s’inquiète-t-il jamais lorsque le fil de ses aventures se mêle, se tord et se noue sous les doigts de la Destinée : il est sûr qu’elle prendra la peine de le disposer elle-même dans l’ordre le plus parfait, qu’elle-même y emploiera toute l’adresse de ses mains, à la lueur de l’étoile bienfaisante et infaillible. On dit que, dans les plus petites circonstances, cette étoile ne lui manqua jamais, et qu’elle ne dédaigne pas d’influer pour lui sur le caprice même des saisons. Le soleil et les nuages lui viennent quand il le faut. Il y a des gens comme cela.

Cependant il se trouve des jours dans l’année où il est saisi d’une sorte de souffrance chagrine que la moindre peine de l’âme peut faire éclater, et dont il sent les approches quelques jours d’avance. C’est alors qu’il redouble de vie et d’activité pour conjurer l’orage, comme font tous les êtres vivants qui pressentent un danger. Tout le monde, alors, est bien vu de lui et bien accueilli ; il n’en veut à qui que ce soit, de quoi que ce soit. Agir contre lui, le tyranniser, le persécuter, le calomnier, c’est lui rendre un