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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/132

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et complète de tout ce que je voulais savoir de cette situation mystérieuse que j’avais tant cherché à deviner. La démonstration en fut plus claire encore un moment après ; car tandis que je travaillais les nerfs de mon visage pour leur donner, les tirant en long et en large, cet air de commisération sentimentale que chacun aime à trouver dans son semblable…

« Il se croit le semblable de la belle Kitty ! » murmura Stello.

… Tandis que j’apitoyais mon visage, on entendit rouler avec fracas un carrosse lourd et doré qui s’arrêta devant la boutique toute vitrée où Kitty était éternellement renfermée, comme un fruit rare dans une serre chaude. Les laquais portaient des torches devant les chevaux et derrière la voiture ; nécessaire précaution, car il était deux heures après midi à l’horloge de Saint-Paul.

« The Lord-Mayor ! Lord-Mayor ! » s’écria tout à coup Kitty en frappant ses mains l’une contre l’autre avec une joie qui fit devenir ses joues enflammées et ses yeux brillants de mille douces