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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/19

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frappe dessus, comme sur une enclume, à tour de bras, à grands efforts de reins, à grand écartèlement des deux jambes, se renversant pour éclater de rire à chaque coup qu’il donne sur le coin impitoyable ; chacun de ces coups fait dans ma cervelle le bruit de cinq cent quatre-vingt-quatorze canons en batterie tirant à la fois sur cinq cent quatre-vingt-quatorze mille hommes qui les attaquent au pas de charge et au bruit des fusils, des tambours et des tam-tams. A chaque coup mes yeux se ferment, mes oreilles tremblent, et la plante de mes pieds frémit. — Hélas ! hélas ! mon Dieu, pourquoi avez-vous permis à ces petits monstres de s’attaquer à cette bosse du Merveilleux ? C’était la plus grosse sur toute ma tête, et celle qui me fit faire quelques poèmes qui m’élevaient l’âme vers le ciel inconnu, comme aussi toutes mes plus chères et secrètes folies. S’ils la détruisent, que me restera-t-il en ce monde ténébreux ? Cette protubérance toute divine me donna toujours d’ineffables consolations. Elle est comme un petit dôme sous lequel va se blottir mon âme pour se contempler et se connaître, s’il se peut, pour gémir et pour prier, pour s’éblouir intérieurement avec des