Aller au contenu

Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’illusion féconde habite dans mon sein.

Elle allait monter :

« Oh ! pas vous ! pas vous ! dit un jeune homme en habit gris, que je n’avais pas remarqué et qui sortit de la foule. Ne montez pas, vous ! je vous en supplie. »

Elle s’arrêta, fit un petit mouvement des épaules, comme un enfant qui boude, et mit ses doigts sur sa bouche avec embarras. Elle regrettait sa chaise et la regardait de côté.

En ce moment-là, quelqu’un dit : « Mais madame de Saint-Aignan est là. » Aussitôt, avec une vive présence d’esprit et une délicatesse de très bonne grâce, on enleva la chaise, on rompit le cercle, et l’on forma une petite contredanse, pour lui cacher cette singulière répétition du drame de la place de la Révolution.

Les femmes allèrent la saluer et l’entourèrent de manière à lui voiler ce jeu, qu’elle haïssait et qui pouvait la frapper dangereusement. C’étaient les égards, les attentions que la jeune duchesse