Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/27

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moi (si vos contes sont votre remède universel), contez-moi quelque histoire bien douce, bien paisible, qui ne soit ni chaude ni froide : quelque chose de modeste, de tiède et d’affadissant, comme le Temple de Gnide, mon ami ! quelque tableau couleur de rose et gris, avec des guirlandes de mauvais goût ; des guirlandes surtout, oh ! force guirlandes, je vous en supplie ! et une grande quantité de nymphes, je vous en conjure ! de nymphes aux bras arrondis, coupant les ailes à des Amours sortis d’une petite cage ! — des cages ! des cages ! des arcs, des carquois, oh ! de jolis petits carquois ! Multipliez les lacs d’amour, les cœurs enflammés et les temples à colonnes de bois de senteur ! — Oh ! du musc, s’il se peut, n’épargnez pas le musc du bon temps ! Oh ! le bon temps ! veuillez bien m’en donner, m’en verser dans le sablier pour un quart d’heure, pour dix minutes, pour cinq minutes, s’il ne se peut davantage ! S’il fut jamais un bon temps, faites-m’en voir quelques grains, car je suis horriblement las, comme vous le savez, de tout ce que l’on me dit, et de tout ce que l’on m’écrit, et de tout ce que l’on me fait, et de tout ce que je dis, et de ce que j’écris et de ce que je