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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/318

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qui viennent de se toucher et de s’unir devant moi, sur mes pas.

En ce temps-là même dont je parle, au temps du vertueux Saint-Just (car il était, dit-on, sans vices, sinon sans crimes), vivait et écrivait un autre homme vertueux, implacable adversaire de la Révolution. Cet autre Esprit sombre, Esprit falsificateur, je ne dis pas faux, car il avait conscience du vrai ; cet Esprit obstiné, impitoyable, audacieux et subtil, armé comme le Sphinx, jusqu’aux ongles et jusqu’aux dents, de sophismes métaphysiques et énigmatiques, cuirassé de dogmes de fer, empanaché d’oracles nébuleux et foudroyants ; cet autre Esprit grondait comme un orage prophétique et menaçant, et tournait autour de la France. Il avait nom : Joseph de Maistre.

Or, parmi beaucoup de livres sur l’avenir de la France, deviné phrase par phrase, sur le gouvernement temporel de la Providence, sur le principe générateur des Constitutions, sur le Pape, sur les délais de la justice divine et sur l’Inquisition, voulant démontrer, sonder, dévoiler aux yeux des hommes les sinistres fondations