Aller au contenu

Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus hardies et des plus trompeuses imaginations philosophiques qui jamais aient fasciné l’Europe, était arrivé à rattacher au pied même de la Croix le premier anneau d’une chaîne effrayante et interminable de sophismes ambitieux et impies, qu’il semblait adorer consciencieusement, et qu’il avait fini peut-être par regarder du fond du cœur comme les rayons d’une sainte vérité. C’était à genoux sans doute, et en se frappant la poitrine, qu’il s’écriait :

« La terre, continuellement imbibée de sang, n’est qu’un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin jusqu’à l’extinction du mal ! Le Bourreau est la pierre angulaire de la société : sa mission est sacrée. — L’Inquisition est bonne, douce et conservatrice.

« La bulle In cœna Domini est de source divine ; c’est elle qui excommunie les hérétiques et les appelants aux futurs conciles. Eh ! pourquoi un concile, grand Dieu ! quand le pilori suffit ?

Le sentiment de la terreur d’une puissance irritée a toujours subsisté.

La guerre est divine : elle doit régner éternellement