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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/322

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à la vie ! la vie, le feu sacré, le feu trois fois saint, que le Créateur lui seul a le droit de reprendre ! Droit terrible de la peine sinistre, que je conteste même à la Justice !

Non. — Il a fallu à l’impitoyable sophistiqueur souffler, comme un alchimiste patient, sur la poussière des premiers livres, sur les cendres des premiers docteurs, sur la poudre des bûchers indiens et des repas anthropophages, pour en faire sortir l’étincelle incendiaire de sa fatale idée. — Il lui a fallu trouver et écrire en relief les paroles de cet Origène, qui fut un Abailard volontaire : première immolation et premier sophisme, dont il crut découvrir aussi le principe dans l’Evangile ; cet obscur et paradoxal Origène, docteur en l’an 190 de J.-C., dont les Principes, à demi platoniciens, furent loués depuis sa mort six saints (parmi eux saint Athanase et saint Chrysostome), et condamnés par trois saints, un empereur et un pape (parmi eux saint Jérôme et Justinien). — Il a fallu que le cerveau de l’un des derniers catholiques fouillât bien avant dans le crâne de l’un des premiers chrétiens pour en tirer cette fatale théorie de la réversibilité et du salut par le sang. Et cela